[i5₇3] DE LA VILLE DE PARIS'.

au Pont à Mousson'¹', et les y feist trés bien traiter.

Et quant ilz furent à trois lieues de Paris, le Roy de Polongne envoya au devant d'eulx de sa Maison et Famille conduite par Monsieur de Villequier, son premier Chambelan '²', et les autres chambelans gentilzhommes de sa Chambre, et autres de saditte Maison, ensemble les paiges, jusques au nombre de cinquante, montez tous sur chevaulx d'Espagne et Turcs; et furent jusques à Pantin.

Et quelque peu après y arrivèrent les Princes

que le Roy Trés Chrestien envoybit au devant d'eulx pour les recepvoir, asscavoir :

Monsieur le Prince Daulphin P', Messieurs les Ducs de Guise W, Duc du Maine'⁵', d'Aumalle (°' et Marquis d'Ellebeuf'⁷', le Grand Escuier'⁸', le sieur de Pienne'⁹', de Humieres'¹⁰', le sieur dc Foix, conseiller au Conseil privé'¹¹', qui porta la parolle de la bienvenue.

Et à la rencontre, descendirent tous de leurs char-riotz pour saluer lesd. Princes qui venoient au de-

O -Le Pont à Mousson- : Pont-à-Mousson, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Nancy (Meurthe-et-Moselle), était autrefois chef-lieu d'un bailliage royal et d'un marquisat dont le domaine relevait au spirituel des diocèses de Toul et de Melz. — La petite ville de Pont-à-Mousson ne devait pas tarder à s'illustrer par son Université, fondée par le Cardinal de Lorraine et érigée par bulle de Grégoire XIII, du 5 décembre 1572.

(²) "Monsieur de Villequier- : René de Villequier, baron de Clervaux, d'Aubigny'et d'Eury, chevalier de l'Ordre, premier gentilhomme de la Chambre, capitaine de cent hommes d'armes des Ordonnances, gouverneur de Paris et do l'Ile - de - Fiance après le décès du duc de Montmorency (janvier i58o), se montra toujours aveuglément dévoué à Henri d'Anjou qu'il imita dans ses débordements. Il tua en septembre 1577, à Poitiers, sa femme Françoise de la Marek, et se remaria avec Louise de Savonnières. ......

'³) "Monsieur le Prince Daulphin- : François de Bourbon fils de Louis, duc de Montpensier, fut qualifié de Prince Dauphin d'Auvergne jusqu'à la mort de son père (22 septembre 1682); il prit alors le titre de duc de Montpensier et de Chàtelleraut, elc Né en 1542, il mourut à Lisieux le 4 juin 1592.

C "Le Duc de Guise» : Henri de Lorraine, troisième duc de Guise, dit le Balafré, grand maitre de France; né le 31 décembre i55o, il fut assassiné au chàteau de Blois le a3 décembre i588.

(-) "Le Duc du Maine» : Charles de Lorraine, marquis puis duc du Maine ou do Mayenne, frère cadet du duc de Guise, naquit le 26 mars 1554. Pair, amiral et grand chambellan de France, chevalier des Ordres du Ttoi, gouverneur de Bourgogne, il est surtout connu par le rôle qu'il joua dans la Ligue, dont il était lieutenant général. Il mourut à Soissons le 3 octobre 1611.

⁽⁰' «Le Duc d'Aumalle- : Charles II de Lorraine était fils de Claude II, qui se signala au siège de Metz en i55a et qui fut tué au siège de la Rochelle (i4 mars 1573). Ce prince, né en i554, duc d'Aumale après la mort de son père, fut l'un des chefs les plus actifs de la Ligue. Gouverneur de Paris après le meurtre du duc et du cardinal de Guise (1 588), il conniva avec les Espagnols, fut condamné à mort, mais réussit à quitter le royaume,et mourut à Bruxelles en 1631.

O "Le Marquis d'Ellebeuf» : Charles de Lorraine, fils de René et petit-fils de Claude, premier duc de Guise; né le 18 octobre 1556, mort en 1609. --^e marquisat d'Elbeuf fut érigé en duché-pairie, en sa faveur, au mois de novembre 1581. — Lo marquis d'Elbeuf figura aussi à la cérémonie du sacre de Henri III, où il remplaça le grand maitre de France, duc de Guise.

'-) "Le Grand Escuier- : Léonor Chabot, comte de Charny et de Busançois, seigneur de Pagny-sur-Saône, fut nommé lieutenant général au gouvernement de Bourgogne par Henri 111, auquel il avait rendu de grands services, ll était le fils ainé de l'amiral Chabot et de Françoise de Longwy, dame de Pagny et de Mirebeau. Il mourut au mois d'août 1597.

C' "Le sieur do Pienne- : Charles de Hallwin, seigneur de Piennes, marquis de Maignelais en Picardie, fut lieutenant général et gouverneur de Picardie, puis de Metz et du pays Messin, où il remplaça (août iô~/3) le comte de Retz, maréchal de France. (E. do Bouteiller, Journal de Jean Le Coullon, Paris et Nancy, 1881, p. i3o.) Capitaine de cent hommes d'armes des Ordonnances, conseiller aux conseils d'État et privé, de Piennes était devenu le beau-frère du Grand Ecuyer (note précédente) par son mariage avec Anne de Chabot. — En grande faveur auprès de Henri Ul, d'HalIwin de Piennes vit ériger son marquisat de Maignelais en duché-pairie d'HalIwin par Lettres patentes du mois de mai 1587, enregistrées le 29 février 1588. (Le P. Anselme, Histoire généalogique. . . des Pairs et Crrands Officiers de la Couronne, 1. III, p. 900 et g 13.)

('°) -Le sieur de Humieres- : Jacques, sire de Humieres, seigneur do Bequencourl, Bouzincourt, Monchy et autres lieux, chevalier des Ordres, capitaine de tinquante hommes d'armes, gouverneur de Péronne et Montdidier, lieutenant général en Picardie (1568), où il établit la Ligue. A la création de l'ordre du Saint-Esprit, Jacques dc Humières fut reçu chevalier le 31 décembre 1578; il mourut au commencement de 1 579. (Lo P. Anselme, Histoire généalogique....., t. VIII, p. 282.)

-¹¹- "Le sieur de Foix» : Paul de Foix, fils de Jean, comte de Carmain, né en i5?8, mort en 1584, laissa un grand renom de jurisconsulte et de diplomate. Conseiller d'honneur du Parlement do Paris à l'â-ge de dix-huit ans (i546), il fut interdit pour un an des fonctions de sa charge à la suite de son jugement dans le procès d'Anne Du Bourg, brûlé en place de Grève, pour suspicion ■d'hérésie, le 23 décembre i55g. En i56i, il fut envoyé en Ecosse, puis en Angleterre comme ambassadeur, à Venise, etde nou.-veau én Angleterre (1571-1572), où il devait négocier le mariage de la reine Elisabeth avec le duc d'Alençon. Chargé do diverses affaires en Italie et à la Cour pontificale, de Foix revint en France après la mort de Charles IX; il reçut l'archevêché de Toulouse, les abbayes d'Aurillac et de la Chaise-Dieu par la résignation quo le cardinal d'Armagnac en fit en sa faveur (1577), l' mourut à Romé au mois de mai 1584.